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Anne-Lise Chrétien

Stella Serfaty joue Marine qui témoigne de ses expériences professionnelles, de ses efforts, de ses échecs, de ses procès…… mais « jouer » est-il vraiment le terme qui convient tant Stella revit ce qu’a vécu son personnage avec force et intensité.

La parité au travail, lointaine illusion. C’est en tout cas ce qui ressort de l’histoire de Marine qui enchaîne les boulots sans trouver sa place.

La disposition des chaises, placées en carré, surprend lorsqu’on entre dans la salle polyvalente de Nébian. La scène se trouve au milieu des spectateurs. Tout de suite, on est conquis par le jeu de Stella Serfaty, excellente comédienne. Elle raconte le plus naturellement possible les difficultés au travail d’une femme, Marine. Dotée d’un tempérament très fort, cette dernière est confrontée aux pressions qui y règnent. Ce récit nous est conté avec humour. Stella Serfaty nous fait vivre les expériences de Marine avec un grand talent. Elle se déplace autour de l’assistance, tout au long du spectacle, s’adressant à tel ou tel spectateur. Pour tout accessoire de scène, elle utilise un escabeau. Monica Mariniello, sculpteure, placée au centre de la scène, réalise une œuvre en terre. Elle travaille sans parler avec des gestes très précis. Superbe.
Une discussion très intéressante s’est ensuite engagée entre les spectateurs. Très belle soirée.

Construite comme un carré délimité par des chaises, la scène permet une très grande proximité à la fois entre les spectateurs mais aussi avec la comédienne (…) Petit à petit le tableau se monte sous nos yeux. Au centre du carré une artiste-plasticienne se pose sur ce fameux tabouret rouillée et usée par les intempéries… Elle récupère une mixture dans ces sceaux et voilà qu’elle débite une sculpture en temps réel. Dans le même temps, Stella Serfaty, avec une aisance et un naturel déconcertant, regarde, observe, discute, raconte son histoire ou plutôt ses histoires… En parallèle toujours, Monica Mariniello sculpte, un visage apparaît au fur et à mesure des récits. Une impression étrange se dévoile : comme si l’on pouvait enfin mettre un visage sur ces mots, un visage de femme, une femme qui pourrait être toi, moi, vous, nous…
Ce travail émouvant, dur, réaliste. Mais pas seulement… puisque ces femmes ont pu se livrer sur les tabous et les non-dits dans l’univers du travail en toute liberté et authenticité, et sans jugement aucun.

Coup de Cœur. De son bref passage en Avignon, la rédaction souhaite enfin mettre en avant quelques spectacles qui ont particulièrement retenu son attention. Parmi les 12 spectacles, « J’ai trop trimé, parole d’une femme, forme de proximité » par la Cie Théâtre des Turbulences. Alors que Monica sculpte, façonne un morceau de terre, Marine essaye de savoir qui elle est. Marine nous raconte, témoigne de ses expériences professionnelles, les mises à l’écart, les procès, la pression des patrons, les magouilles financières, la confrontation aux autres, les difficultés d’évoluer et de trouver sa place, sa voie. Au fil du récit, à mesure que sa vie avance, la sculpture de Monica se découvre également et prend forme, celle d’un visage construit et harmonieux.

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